Quand le bruit affecte
notre santé
Transports routiers, ferroviaires, aériens, voisins bruyants, travail en open space… Le bruit est omniprésent dans notre quotidien. Ces nuisances sonores, surtout celles qui nous dérangent la nuit, ont des conséquences sur tout notre organisme. La France organise régulièrement des événements et des initiatives pour aborder la pollution sonore et sensibiliser le public à ses effets. Un événement notable à venir pourrait être la Semaine du Son de l'UNESCO, qui a lieu chaque année en janvier.
« 86 % des Français se déclarent gênés par le bruit à leur domicile. Les nuisances sonores qui dérangent le plus : les bruits liés aux transports routiers, ferroviaires, aériens et les bruits de voisinage », nous informe le Dr Christine Poncet-Wallet, médecin ORL et cheffe de service à l’hôpital Rothschild.
Le bruit se mesure par son intensité mais aussi par d’autres paramètres. « Le fait que ce bruit soit continu ou intermittent, qu’il soit choisi ou subi ainsi que la sensibilité de chacun jouent un rôle sur ses effets », souligne-t-il.
Des effets auditifs et extra-auditifs
Une exposition chronique à des bruits de 85 à 105 dB (à titre de comparaison, travailler dans un open space et dans une rue à fort trafic nous expose à 80 dB, un bruit de tondeuse ou un aboiement émet 90 dB et un avion qui décolle à une centaine de mètres, 130 dB) entraîne des risques pour l’audition. « Nous avons un stock limité de cellules neurosensorielles qui nous permettent d’entendre. Les traumatismes répétés sur l’oreille amputent ce stock », explique le médecin ORL.
Les répercussions sur le système auditif peuvent se traduire par une surdité totale ou partielle, des acouphènes (sifflements) ou encore une hyperacousie (intolérance à des bruits normaux ou faibles, qui devraient être normalement supportés). À partir de 40 dB la nuit et de 55 dB le jour, le bruit a des effets dits « extra-auditifs » : fatigue, stress, troubles cardiovasculaires, du sommeil, de l’humeur, ou encore des apprentissages.
Pourquoi le bruit nous rend-il malade ?
Si le bruit qui nous dérange pendant la journée nous stresse, nous fatigue et diminue nos performances cognitives, les nuisances sonores nocturnes sont celles qui ont le plus de conséquences physiques sur l’organisme. « L’exposition au bruit retarde tous les stades du sommeil et rend celui-ci moins réparateur.»
« Cela joue aussi sur les sécrétions hormonales : quand on est réveillé la nuit, notre organisme sécrète des hormones du stress », explique Christine Poncet-Wallet, et précise : « On ne s’habitue pas au bruit pendant la nuit et cela crée des micro-éveils dont nous n’avons pas conscience mais qui nuisent à la qualité du sommeil ».
Comment se protéger ?
Dès 85 dB, une protection comme des bouchons d’oreilles est fortement recommandée en cas d’exposition prolongée. « Il existe différents filtres selon le niveau sonore auquel vous êtes exposé », précise l’ORL. En ce qui concerne les effets des nuisances sonores sur le reste de l’organisme, « il est surtout important de ne pas avoir un sommeil perturbé par le bruit ».
Le choix de triple vitrage peut atténuer le bruit du trafic. « En dernier recours, dormir avec des protections auditives est recommandé », ajoute-t-elle, en rappelant que l’Organisation Mondiale de la Santé préconise une exposition maximum de 30 dB dans la chambre à coucher pour bénéficier d’un sommeil de qualité.
Nuisances sonores : que dit la loi ?
Tout bruit excessif de jour comme de nuit peut être sanctionné. En effet, le Code de la santé publique réprime tout bruit qui, par son intensité et sa durée, « porte atteinte à la tranquillité du voisinage ou à la santé de l’homme dans un lieu public ou privé », et ce, quelle que soit l’heure à laquelle il se produit. Des sanctions prévues par la loi peuvent s’appliquer aux auteurs.
2022, l’année des radars sonores
Testés depuis 2022, ces radars sonores ont été mis en place dans sept communes : Saint-Lambert (communauté de communes de la haute vallée de Chevreuse), Nice, Paris, Rueil-Malmaison, Toulouse, Villeneuve le Roi et Bron. Ils sont installés principalement sur des zones urbaines (limitées à 50 km/h). Selon les informations du Progrès, ces prototypes commenceront à verbaliser les véhicules trop bruyants dans ces communes à partir de « courant 2024 ». Si les résultats sont concluants, le dispositif sera déployé au niveau national.
Les sanctions encourues en cas de non-respect des niveaux sonores autorisés. À la fin de la phase de tests, l’étape des essais – avec verbalisation possible à la clé – pourra débuter. Un véhicule qui dépasse le seuil sonore autorisé (83 dB(A)) sera sanctionné d’une contravention de quatrième classe, soit une amende forfaitaire de 135 euros (minorée à 90 euros en cas de paiement rapide), sans perte de points. Mais que les automobilistes se rassurent. Selon Fanny Mietlick, « les voitures de Monsieur et Madame tout le monde n'ont aucun risque de déclencher ces radars, car la quasi-totalité des véhicules est homologuée à des niveaux en dessous de 85 dB, autour de 80 dB. »