Sida : bientôt un vaccin grâce à l’ARN messager ?
Récemment mis sur le devant de la scène lors de la crise sanitaire, le laboratoire Moderna a débuté, le 19 août, la première phase de son essai clinique pour un vaccin contre le VIH, basé sur la technologie ARN messager, déjà utilisée pour son sérum contre la Covid-19. Une lueur d’espoir dans la lutte contre cette maladie, qui ne connaît à ce jour aucun vaccin approuvé, ni aucun traitement curatif efficace.
Phase 1 : Les premiers résultats de la phase 1, attendus en 2023, ont montré que le vaccin était bien toléré par les volontaires et n'a provoqué que des effets secondaires légers à modérés, similaires à ceux observés avec d'autres vaccins à ARNm. Ces résultats étaient encourageants et ont permis de définir les doses optimales et la fréquence d'administration pour les prochaines phases.
Phase 2 des essais cliniques : En 2023, Moderna a lancé la phase 2 des essais cliniques pour évaluer l'efficacité du vaccin. Cette phase inclut un plus grand nombre de participants et vise à déterminer l'efficacité du vaccin dans la production d'une réponse immunitaire contre le VIH.
Avancées dans la recherche : Les chercheurs ont continué à affiner la technologie de l'ARNm pour cibler spécifiquement les régions du VIH qui sont essentielles pour son infection et sa réplication. Cette approche vise à induire une réponse immunitaire plus robuste et durable.
Collaboration internationale : Moderna a collaboré avec des institutions de recherche et des organisations internationales pour s'assurer que les essais cliniques respectent les normes éthiques et scientifiques les plus élevées et pour accélérer le processus de développement du vaccin.
Que change l’ARN messager dans ce vaccin ?
En s’appuyant sur le savoir-faire de Moderna, cette nanoparticule a été transformée en ARNm. C’est le code génétique des protéines, et non les protéines à proprement parlé, qui est injecté, sans entrer dans le noyau de nos cellules. Ces dernières ont ensuite à fabriquer des antigènes qui provoqueront une réaction immunitaire.
Le même système est utilisé dans les vaccins anti-Covid de Moderna et de Pfizer, où c’est le code du spicule du coronavirus qui est injecté. Il faut savoir que, depuis la découverte de ce virus en 1983, plusieurs mutations ont été recensées et nous savons aujourd’hui que l’ARNm a démontré son efficacité contre les virus variants.
Peut-on espérer un vaccin prochainement ?
Non. Plusieurs vaccins contre le Sida ont déjà atteint la phase 3 d’essais cliniques, sans succès. Le responsable de l’essai à l’institut américain de biologie Scripps estime lui-même qu’il faudra encore au moins une dizaine d’années de travaux.
Car le produit développé avec Moderna fonctionne en plusieurs étapes, et chacune doit réussir pour aboutir à une véritable protection.
L’échec du test Johnson & Johnson
En 2017, le laboratoire Johnson & Johnson a démarré en Afrique sub-saharienne un vaste essai de vaccins contre le VIH, avec la même technologie, le vecteur viral, que celle utilisée pour son sérum contre la Covid-19 (le vaccin J & J n’utilisait pas l’ARNm, NDLR).
2 600 jeunes femmes, âgées de 18 à 35 ans, originaires du Mozambique, du Malawi, de Zambie, d’Afrique du Sud, et du Zimbabwe ont participé à ce test. Dans ces régions, les jeunes femmes représentaient 63 % des nouvelles infections au VIH en 2020. Certaines d’entre-elles ont reçu un vaccin et les autres un placebo.
Mais, deux ans plus tard, les résultats ne se sont pas avérés assez concluants : 51 des 1 079 femmes auxquelles on a administré le vaccin ont contracté le VIH contre 63 des 1 109 participantes ayant reçu le placebo. Une efficacité évaluée à 25 % qui n’est pas suffisante et qui a abouti à l’abandon de ce test.
En 2020, 38 millions de personnes dans le monde vivaient avec le VIH, 1,7 million ont été infectées et 690 000 sont décédées de maladies liées au Sida. Ce vaccin représente un véritable enjeu sanitaire pour, peut-être un jour, venir à bout de ce virus.
Pas d’impasse sur la prévention !
Pour se protéger et protéger les autres du VIH et autres infections sexuellement transmissibles, la méthode la plus efficace reste la prévention. Différents outils existent pour ne prendre aucun risque :
- Les préservatifs externes ou internes, parmi les plus connus et les plus faciles d’accès ;
- Le traitement d’urgence ou TPE : en cas de risque d’exposition au VIH, il est possible de se rendre aux urgences et de suivre une trithérapie afin d’empêcher une éventuelle contamination en bloquant immédiatement la réplication du VIH. Plus elle est administrée tôt, plus elle est efficace. Si possible dans les 4 heures après l’exposition au risque et au plus tard dans les 48h ;
- La PrEP : la Prophylaxie Pré-Exposition est une stratégie de réduction du risque de contracter le VIH basée sur l’utilisation d’un antirétroviral à prendre au cours d’une période d’exposition à un risque de contamination. Elle s’adresse à toutes les personnes n’utilisant pas systématiquement le préservatif ;
- Le traitement VIH (TasP) : Lorsque l’on est séropositif, la trithérapie est un outil préventif aussi efficace que le préservatif. L’efficacité des traitements sur le virus le rend indétectable : il ne subsiste qu’une quantité insuffisante de VIH dans le sang ou le sperme pour provoquer une infection ;
- Le dépistage : gratuit, anonyme et sans rendez-vous, c’est le moyen le plus efficace de savoir si l’on est infecté et de protéger les autres.
Pour plus de conseils et d’informations, rendez-vous sur aides.org ou au 0805 160 011 (gratuit depuis un poste fixe)
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